Biographie
de
Leopold Engleitner

Leopold Engleitner est né le 23 juillet 1905 à Aigen-Voglhub en Autriche. Il grandit dans la ville impériale de Bad Ischl, où il aperçut plusieurs fois l’empereur François-Joseph. Enfant, il a souffert des horreurs de la Première Guerre mondiale et a survécu de justesse à la grippe espagnole.


Leopold Engleitner (debout) avec amis, 1928/29

Au début des années 30, il a intensément étudié la Bible. Il a quitté l’Église catholique et s’est joint aux ‘Bibelforscher’ (les Témoins de Jéhovah). Au cours de l’ère austro fasciste, il a été arrêté à plusieurs reprises et condamné à l’emprisonnement en raison de l’intolérance religieuse de l’époque.

Persécution austro fasciste de 1934 – 1938

Printemps 1934
Hiver 1934/35
05. 01. 1936 – 30. 03. 1936
19. 09. 1937 – 14. 10. 1937
48 h de détention à Bad Ischl
48 h de détention à Bad Ischl
Détention à St Gilgen et Salzburg
Détention à Bad Aussee

Lors de la prise de pouvoir d’Adolf Hitler en Autriche, Engleitner entre en conflit avec le national-socialisme en raison de son refus de renoncer à sa foi et du service militaire dans l’armée de Hitler.
Le 4 avril 1939, il est arrêté par la Gestapo à Bad Ischl, et mis en détention préventive à Linz, puis à Wels. Du 9 octobre 1939 au 15 juillet 1943, il est détenu dans les camps de concentration de Buchenwald, Niederhagen et Ravensbrück. Dans le camp de Niederhagen, Leopold Engleitner refuse de signer la « déclaration d’abjuration », bien qu’on lui promette de le libérer en échange. Bien décidé que rien ne l’empêcherait de suivre les principes divins, et que personne ne pourrait le forcer à servir dans l’armée, même les sévices brutaux dont il est victime dans les camps ne peuvent briser sa volonté.
En juillet 1943, il est libéré du camp de concentration de Ravensbrück à condition de s’engager à travailler dans l’agriculture pour le reste de sa vie.

Leopold Engleitner, 5. 4. 1939, photographié par la Gestapo, Linz

Une fois rentré chez lui, il travaille dans une ferme à St Wolfgang. Le 17 avril 1945, trois semaines avant la fin de la guerre, la Wehrmacht allemande lui envoie son ordre de conscription. Au lieu de répondre à l’appel, il entreprend une fuite aventureuse dans les montagnes du Salzkammergut. Il se cache dans le chalet d’alpage du Meistereben, et dans une caverne. Des semaines durant, il est pourchassé comme du gibier par les nazis, qui ne le trouvent pas.

Le 5 mai 1945, Leopold peut rentrer chez lui. Dans un premier temps, il travaille comme valet de ferme à St Wolfgang.
En 1946, il veut changer d’activité, mais l’office pour l’emploi de Bad Ischl lui refuse une embauche sous prétexte de son « engagement » forcé durant l’ère nazie. Ce n’est qu’après l’intervention des forces d’occupation américaines en avril 1946 qu’il est libéré de cette obligation.

Persécution nazie

04. 04. 1939 – 05. 10. 1939
05. 10. 1939 – 09. 10. 1939

09. 10. 1939 – 07. 03. 1941
07. 03. 1941 – avril 1943

Avril 1943   - 15. 07. 1943
22. 07. 1943 – 10. 04. 1946 ( !)
17. 04. 1945 – 05. 05. 1945

Emprisonnement à Bad Ischl, Linz et Wels.
Déportation au camp de concentration après une
Détention à Salzburg et à Munich
Camp de concentration de Buchenwald
Camp de concentration de Niederhagen à
Wewelsburg
Camp de concentration de Ravensbrück
Travaux forcés dans l’agriculture
Fuite dans les montagnes après sa conscription.

Dans un premier temps, Leopold Engleitner est employé comme veilleur de nuit dans une usine de savon. À partir de 1951, il travaille au service de voierie jusqu'à sa retraite en 1969.

En 1949, il épouse Theresia Kurz, mère d’une fille d’un premier mariage. Engleitner, quant à lui, a été rendu stérile par SS qui lui a donné un coup de pied dans le bas-ventre au camp de Niederhagen. Leopold Engleitner soignera avec amour sa femme, malade du diabète, jusqu’à son décès en 1981.
Aujourd’hui, Engleitner est le survivant le plus âgé des camps de Buchenwald, Niederhagen et Ravensbrück, et l’un des survivants les plus âgés dans le monde. Après la guerre, il est victime de l’exclusion sociale et du mépris à cause de son passé concentrationnaire et de son refus du service militaire.

Après des décennies de silence, la vie d’Engleitner a été documentée par Bernhard Rammerstorfer, qui a publié le livre « Nein statt Ja und Amen » en 1999 (traduite en anglais en 2004 sous le titre « Unbroken Will » et en français en 2006 sous le titre « Une volonté de fer ») et le film « Nein statt Ja und Amen » (récompensé entre autres de l'Ours d'or au 31è Festival des Nations de Ebensee, Autriche, et soutenu par les ministères fédéraux autrichiens de l'Éducation, de la Science et de la Culture et par celui des Affaires étrangères).

Engleitner et Rammerstorfer à New York, 2004

Depuis la publication de sa biographie, il fait preuve d’un grand engagement dans le travail de commémoration des victimes de la persécution nazie.
Malgré ses problèmes physiques et son âge avancé, il a voyagé des milliers de kilomètres au cours des dernières années pour prendre la parole dans des Universités, des écoles et des Mémoriaux en Europe et aux États-Unis (en 2004 et 2006, au US Holocaust Memorial Museum, Library of Congress, Simon Wiesenthal Center et au Los Angeles Museum of the Holocaust ainsi que dans les Universités de Columbia, Georgetown et Stanford).


Engleitner et Rammerstorfer à l’Université Stanford, Palo Alto, San Francisco, 2006

Il a ainsi permis à des milliers de jeunes gens de connaître l’histoire de première main. En brossant un tableau réaliste des faits, il a démontré les dangers de l’extrémisme de droite, et l’importance de la tolérance et de l’humanité pour la paix. Comme il raconte son histoire passionnante sans haine et sans amertume, les jeunes l’écoutent avec passion et enthousiasme.